Investissements

Bientôt des taux d’intérêt négatifs?

Après que la Banque nationale suisse a opéré une forte baisse de son taux directeur, des questions se posent sur les prochaines évolutions des taux d’intérêt.

Christoph Sax
Économiste en chef
Publié le
19 décembre 2024

La décision prise la semaine dernière par la Banque nationale suisse (BNS) sur les taux d’intérêt en a surpris plus d’un: le taux directeur a été abaissé de 0,5 point de pourcentage, alors qu’un recul de seulement 0,25 point de pourcentage était attendu. Mais pourquoi avoir frappé si fort?

La banque centrale helvétique a une conception claire de la politique monétaire: ses décisions sur les taux d’intérêt se basent toujours sur les prévisions d’inflation. Or, la nouvelle prévision pour 2025 s’établit à un niveau encore plus bas que celle de septembre – et ce, bien qu’elle repose sur l’hypothèse d’un taux directeur nettement plus faible. De ce fait, il est cohérent que la BNS ait abaissé son taux directeur plus fortement que prévu.

Le reflux important des anticipations d’inflation se base sur la baisse annoncée des prix de l’électricité, la force du franc et des loyers moins élevés. Compte tenu de la stratégie de politique monétaire de la BNS, la porte est ouverte à de nouvelles baisses du taux directeur.

 
Ainsi, le marché s’attend à ce que la banque centrale abaisse prochainement le taux directeur à 0% (voir graphique). Les taux d’intérêt négatifs pourraient alors redevenir d’actualité. Néanmoins, le taux directeur ne devrait pas repasser sous les 0% aussi vite. En effet, la situation de départ n’est pas comparable à celle d’il y a dix ans, lorsqu’il avait été abaissé à -0,75%.

Fiche technique

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Contrairement à la situation actuelle, la Banque centrale européenne (BCE) avait à l’époque devancé la BNS. Comme il n’y avait plus d’écart de taux entre la zone euro et la Suisse, la BNS n’avait pas eu d’autre choix que de faire passer son taux directeur en dessous de zéro. Aujourd’hui en revanche, l’écart de taux entre la zone euro et la Suisse est de 2,5 points de pourcentage, car le taux directeur de la zone euro est toujours nettement plus élevé que celui de la Suisse. Selon les attentes du marché, le taux directeur de la BCE trouvera un plancher à 1,5-2%. Dans un avenir prévisible, l’écart de taux avec la Suisse devrait donc rester positif, ce qui allégera quelque peu la pression haussière sur le franc.

Autres nouvelles économiques    

L’économie suisse sur la voie de la reprise

L’économie suisse est sur la voie d’une reprise modérée, comme le constatent aussi bien les économistes du KOF que les experts du SECO dans leurs prévisions d’hiver, légèrement revues à la baisse. Néanmoins, l’incertitude reste élevée pour la conjoncture mondiale. La situation difficile en Allemagne et en France freine notamment les exportations vers la zone euro. À cela s’ajoutent les risques géopolitiques connus. Donald Trump représente quant à lui un autre facteur d’incertitude.

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Les ventes au détail en hausse aux États-Unis

En novembre, les chiffres d’affaires du commerce de détail aux États-Unis ont enregistré une solide progression, soutenue par une augmentation des ventes de voitures ainsi que par des achats en ligne vigoureux. Les recettes ont progressé de 0,7% par rapport au mois précédent. En revanche, la production industrielle a baissé de manière surprenante. Par rapport au mois précédent, elle a diminué de 0,1%, alors que l’on s’attendait à une hausse de 0,3%. Toutefois, si l’on exclut la faible production dans le secteur minier et le secteur des services aux collectivités, l’industrie a enregistré une légère hausse de 0,2%.

Les entreprises européennes sont plus optimistes 

En décembre, le moral des entreprises de la zone euro s’est amélioré de manière inattendue. Selon une première estimation de S&P Global, l’indice des directeurs d’achat pour l’ensemble du secteur privé (PMI composite) a augmenté de 1,2 point, s’établissant ainsi à 49,5 points. Les analystes avaient pourtant prévu une légère détérioration. Malgré cette hausse, l’indicateur global reste juste en dessous du seuil d’expansion de 50 points.

La croissance chinoise surprend 

En novembre, la production industrielle chinoise a enregistré une croissance plus forte que prévu, avec une hausse de 5,4% par rapport au même mois de l’année dernière. Ce secteur économique majeur semble donc résolument se redresser. En revanche, d’autres secteurs économiques ont déçu: les ventes au détail, qui constituent un indicateur important de la consommation, n’ont dépassé leur niveau de l’année dernière que de 3%. En octobre, leur croissance sur un an était encore de 4,8%.