Transmission d'entreprise

''Papa, je ne veux pas reprendre la boîte": le casse-tête de la relève

L’avenir est incertain pour de nombreuses entreprises en phase de transmission. Lorsque les enfants refusent de reprendre le flambeau, ce sont avant tout les PME qui en pâtissent.

Portrait von Aurélie Bovigny
Aurélie Bovigny
Experte en transmission d'entreprise
Publié le
05 mars 2025

Durant les prochaines années, une entreprise sur six devra régler sa transmission, un chiffre en forte expansion depuis deux ans. Sont notamment concernées les PME de moins de 50 salariés. De nombreux chefs d’entreprise font partie de la génération des baby-boomers qui quittent le monde du travail et n’ont personne pour prendre la relève.

Fiche technique

Conseils pour transmettre son entreprise au sein de la famille

Cette fiche technique vous explique comment planifier avec succès la transmission de l’œuvre de votre vie au sein de votre famille.

 

Cela est particulièrement frustrant pour les entreprises familiales, qui représentant près de 90% des entreprises suisses. Les attentes placées dans les enfants sont souvent grandes. Et pour cause: pendant longtemps, la transmission au sein de la famille était la norme. 

Aujourd’hui, de nombreux enfants empruntent d’autres trajectoires professionnelles. Et même s’ils consentent à reprendre l’entreprise, la transmission n’est pas simple. En effet, planifier une transmission au sein de la famille est particulièrement compliqué du point de vue du droit successoral: 

  • La plupart du temps, l’entreprise constitue la majeure partie de l’héritage. Tous les héritiers réservataires ont droit à une part minimale. Rares sont les repreneurs qui disposent des fonds propres suffisants pour verser aux cohéritiers la part qui leur revient. 
  • De plus, la valeur de marché à la date du décès est déterminante, et non celle à la date de la transmission. 

Si le dirigeant transmet l’entreprise de son vivant à un prix inférieur, la différence par rapport à la valeur de marché pose souvent problème à son décès. Au moment de la transmission, il faudrait déterminer la valeur de l’entreprise au moyen d’une méthode d’évaluation et la fixer entre les héritiers. Cela permet d’éviter les discussions sur les plus-values et les moins-values lors du partage successoral. En effet, jusqu’au décès du propriétaire de l’entreprise, la valeur de celle-ci peut évoluer tant vers le haut que vers le bas. Si la valeur de rachat n’a pas été définie de manière contraignante, les héritiers peuvent faire valoir leurs droits ultérieurement.

Conseil: faites preuve de transparence et associez de bonne heure votre famille au règlement de la transmission. Indiquez s’il existe une obligation de compensation, à combien celle-ci se monte et si des plus-values ou moins-values peuvent être exclues. Vérifiez aussi si une vente par le biais d’une holding d’acquisition fondée par vos descendants est plus avantageuse fiscalement qu’une donation. Dans ce cas de figure, vous accordez à vos descendants un prêt qu’il faudra rembourser à l’aide des futurs bénéfices. 

Une transmission prend du temps

Les chefs d’entreprise qui tardent à préparer leur transmission doivent effectuer le passage du témoin dans la précipitation. On sait d’expérience qu’il est encore plus difficile de clarifier précisément toutes les répercussions successorales, financières et fiscales. En outre, des délais de blocage peuvent limiter les options des entrepreneurs. Même une solution de transmission qui paraît simple à première vue nécessite généralement une longue préparation.

Conseil: pour traiter tous les héritiers sur un pied d’égalité, vous devez vous y prendre à l’avance. Les aspects matrimoniaux et successoraux sont complexes. N’hésitez pas à vous faire aider si vous avez des doutes. Un spécialiste vous montrera comment établir correctement un testament, un contrat de mariage, un pacte successoral ou une convention d’actionnaires. Vous trouverez d’autres conseils dans la fiche technique.

L’importance d’une estimation objective

Même si vous prévoyez une succession à l’intérieur de la famille, mieux vaut avoir un plan de secours et vérifier si une vente en vaut la peine. À cet égard, attention:

  • Trouver le bon acheteur est un travail de longue haleine. S’y risquer seul se solde souvent par un échec. En revanche, vous augmentez nettement vos chances de trouver une bonne solution de transmission, à la fois durable et financièrement attrayante, si vous vous faites accompagner par des professionnels et leur vaste réseau. Mais dans ce cas aussi, vous devez prévoir suffisamment de temps. Souvent, il faut compter deux ans entre le début du processus et le transfert du contrôle financier et de la direction opérationnelle.
  • La difficile recherche d’un acheteur s’avère inutile si l’entreprise peut être transmise à des collaborateurs expérimentés. Malgré tout, l’expérience montre que ce processus dure trois à quatre ans. En effet, de nombreux propriétaires ont tendance à surévaluer la valeur de leur entreprise. Or, les collaborateurs manquent souvent de fonds propres pour racheter les parts. Une stratégie de transmission bien définie et une communication ciblée vis-à-vis des collaborateurs sont souvent l’une des clés du succès.

Conseil: les avis sur la valeur exacte d’une entreprise divergent. D’où l’importance d’une estimation professionnelle pour la suite, qu’il s’agisse d’une transmission intrafamiliale ou d’une vente. Une estimation objective renseigne sur le passé, le présent et l’avenir de l’entreprise. Elle est indispensable pour définir une fourchette réaliste et justifiée pour le prix de vente.

Pour en savoir plus, commandez la fiche technique ou parlez-en avec une experte ou un expert de VZ près de chez vous.